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HOMELIE

25 mai
année 2016-2017

Année A - ASCENSION DU SEIGNEUR 25 mai 2017
Ac 1, 1-11; Ep 1, 17-23; Mt 28, 16-20
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, Cette fête de l’Ascension vient questionner et peut-être aussi renouveler, réveiller notre manière de regarder Jésus et d’approcher son mystère. « Tandis que les Apôtres regardaient, Jésus s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux » nous dit la lecture tirée des Ac… Les Apôtres voudraient bien avoir toujours sous leurs yeux le Maitre Ressuscité, mais il est soustrait à leur regard. Et bientôt, des anges coupent court : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? », comme pour suggérer que ce n’est plus avec les yeux de chair qu’il faut chercher Jésus. Est-ce d’ailleurs avec les yeux de la chair que les Apôtres avaient reconnu Jésus Ressuscité ? L’évangile de Mt que nous venons d’entendre, laisse pressentir que la vue de Jésus Vivant ne suffit pas pour le reconnaitre complètement … « Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes »… Ce n’est pas parce que l’on voit que l’on n’a pas de doute. Voir n’entraine pas le croire. Les récits des apparitions de Jésus Ressuscité nous font comprendre que les disciples ont dû apprendre à voir et regarder Jésus sorti du tombeau, autrement qu’ils ne l’avaient vu auparavant. Ces apparitions furtives, inattendues autant qu’insaisissables, les préparaient au départ de Jésus. Elles les entrainaient à regarder autrement la réalité de leur vie quotidienne afin d’y reconnaitre Jésus présent avec eux jusqu’à la fin du monde…
Paul va dans ce sens quand il prie Dieu pour les Ephésiens, « afin qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur »… Oui, la foi nous fait voir les choses d’une autre manière, avec les yeux du cœur. Nos yeux de chair lents à croire, lent à reconnaitre Jésus sur nos routes, comme pour les disciples d’Emmaüs, ont besoin d’être relayés par les yeux du cœur. « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le Petit Prince, « l’Essentiel est invisible pour les yeux ». Avec les yeux du cœur, Paul invite à voir non seulement Jésus ressuscité assis à la droite du Père, mais aussi en espérance toute notre humanité élevée à cette dignité insondable. Les yeux de notre cœur croyant ne peuvent décrire cette réalité glorieuse, mais pourtant ils la reconnaissent comme vraie et digne de confiance. En effet, ce que l’on peut entrevoir de la « gloire sans prix » qui nous attend, s’enracine déjà dans une expérience vivifiante qui transforme nos existences. Paul parle « de la puissance incomparable que Dieu déploie pour nous les croyants, l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts… » Croire en Jésus Ressuscité, ce n’est pas seulement savoir qu’il est vivant, mais c’est déjà partager une énergie et une force venant de sa résurrection et qui nous conduisent à vivre d’une façon nouvelle. Les forces de mort que nous pouvons éprouver n’ont pas le dernier mot. La vie de Jésus vivant nous est offerte pleinement. Elle nourrit notre espérance qu’un jour, non seulement notre existence singulière, mais aussi celle de toute l’humanité sera réunie dans la vie divine.
Peut-être avez-vous remarqué, à plusieurs reprises, j’ai utilisé l’adverbe « déjà »… Dans un premier sens : Jésus élevé auprès de son Père est le gage que déjà notre humanité partage sa victoire, comme nous le priions au début : « l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire ». On retrouvera aussi le « déjà » dans l’oraison de post-communion. Dans un second sens aussi : Jésus élevé auprès de son Père nous partage abondamment sa vie de ressuscité, et à travers elle nous donne de vivre déjà de sa force et de son énergie, par le don de l’Esprit Saint. En Eglise, nous accueillons le mystère de cette plénitude et de cet accomplissement que Jésus ressuscité veut pour son Corps, dès maintenant et pour toujours.
Oui frères et sœurs, avec les yeux de notre cœur croyant, apprenons à accueillir ce double « déjà » : celui de notre victoire assurée en Jésus élevé au Ciel, et celui de cette plénitude de vie et d’énergie déjà offerte dans notre vie pérégrinante sur cette terre. Nourrissons notre foi en méditant les Ecritures, par ex dans les jours qui viennent en reprenant ces textes entendus. Nourrissons notre foi en cette Eucharistie, « échange mystérieux » qui nous fait « vivre du Christ ressuscité » (oraison de l’offertoire). - 25 mai 2017

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