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HOMELIE

29 janvier
année 2016-2017

Année A - Quatrième Dimanche du temps ordinaire
Sophonie 2,3 et 3,12-13 / 1ère Lettre aux Corinthiens 1,26-31 / Evangile selon saint Matthieu 5,1-12a
Homélie du F.Matthieu

Selon l’évangile de Matthieu, dès qu’il rassemble des foules, Jésus fait en quelque sorte son discours programme. Le Sermon sur la montagne rassemble et récapitule l’essentiel de l’Évangile. Les Béatitudes, que nous venons d’entendre, en sont le prologue : "Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : Heureux..."
Le message du Christ commence par l’annonce du bonheur et c’est à juste titre qu’on l’appelle « Bonne Nouvelle ». Et c’est là le premier mot de l’enseignement de Jésus !
Reste que la suite du texte peut déconcerter à juste titre ; le bonheur semble promis à deux catégories de personnes :
- il est d’abord pour "les pauvres de cœur... les doux... les miséricordieux... les cœurs purs... les artisans de paix... " ! Et vient la question : mais alors est-ce bien pour nous ?
- ce bonheur, il semble réservé aussi à "ceux qui pleurent... ceux qui ont faim et soif de la justice... ceux qui sont persécutés pour la justice... ceux qui sont insultés... ceux qui sont calomniés..." ! Mais ce ne sont pas là des situations très désirables et que nous souhaitons pour nous ! Car le bonheur, ce n’est tout de même pas de pleurer ni d’être persécuté... !
Mais attention, regardons de près le texte évangélique ! Les Béatitudes, entendues de plus près, présentent un programme de bonheur, qui n’est pas si paradoxal qu’on le dit d’habitude.
En fait, il faut les lire ces Béatitudes par l’autre bout : quel bonheur Jésus propose-t-il finalement ?
- d’ "être consolés" / de "recevoir la terre en héritage" / d’ "être rassasiés" / d’ "obtenir miséricorde" "de voir Dieu " / d’ "être appelés fils de Dieu" / d’ "avoir en partage le Royaume des cieux" puisque c’est la promesse principale qui encadre le texte !
Pas si mal, non ?
Et cette promesse de bonheur nous rejoint dans les situations les moins enviables, mais qui sont de fait le lot de notre condition humaine, de notre monde devenu bien inhumain depuis la désobéissance… En effet les pleurs, les persécutions, les malheurs de la vie, … les génocides, les guerres saintes affligent l’humanité et matérialisent durement le non-humain qu’il y a encore en l’homme mais Jésus nous dit qu’elles sont surtout en radicale contradiction avec l’Évangile. Le Christ vient nous révéler que, même si nous sommes les victimes de ces malheurs et de cette violence, nous pouvons recevoir en toute chose, et même en cela, le bonheur. Et c’est la force paradoxale de l’Evangile que d’inscrire en nous et pour nous cette promesse, cette espérance.
Rien, ni la persécution, ni la trahison, ni la maladie, ni la solitude, ne peut nous ravir le bonheur d’être avec Dieu, puisqu’il est venu partout où nous pouvons aller, même à la pire souffrance, même à la mort.
Jésus parle des "vrais gens", qui ont de vrais problèmes. Et il leur propose un bonheur qui dépasse les satisfactions immédiates, un bonheur à la mesure de l’être humain créé à l’image de Dieu, créé pour rencontrer Dieu et vivre avec lui. C’est cela "le Royaume des cieux" : la vie avec Dieu ! Cela nous paraît trop grand, trop difficile ? Certes, et il y a des "conditions" à ce bonheur, Jésus nous le redit, il est pour "les pauvres de cœur...les doux...les miséricordieux...les artisans de paix...les cœurs purs..." !
Alors est-ce possible d’être ou au moins de devenir ces gens-là ?
Non bien sûr : en tout cas pas par nos propres efforts ! Les Béatitudes sont en fait le portrait d’un seul homme : Jésus. Mais en Lui, Jésus, il peut devenir aussi le "nôtre"...!
Paul nous le dit, nous l’avons entendu dans la seconde lecture : "C’est grâce à Dieu, en effet, que vous êtes dans le Christ Jésus, lui qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification, rédemption".
Il suffit de commencer par le commencement, par la première Béatitude, qui commande toutes les autres : "Heureux les pauvres de cœur..."
Etre pauvre de cœur, c’est ne pas croire que l’on va arriver à la sainteté par ses propres moyens, mais laisser Dieu agir. Se mettre le cœur "en offrande", en réceptacle creux, et vide, pour que le Seigneur puisse l’emplir de tout ce qu’il veut nous donner, c’est-à-dire en fait lui-même. Ainsi recevrons nous la grâce de devenir "pauvres de cœur... doux... miséricordieux... artisans de paix... et de purifier notre cœur" ; ainsi deviendrons nous en vérité "fils de Dieu" : et c’est cela le bonheur ! Ne rêvons pas cependant : il faut toute une vie pour parvenir à cette "pauvreté de cœur", jusqu’au jour où nous devrons renoncer à notre corps lui-même. C’est à ce moment-là seulement que nous pourrons goûter totalement au bonheur promis. En attendant, nous en avons les arrhes. Notre bonheur actuel se fonde tout entier sur notre ouverture au Christ, jour après jour, lui qui est "avec nous jusqu’à la fin des temps". (29 janvier 2017)

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